Au tournant du XIXème l’activité des femmes artistes, telles que Berthe Morisot en France et Sophia Laskaridou en Grèce, sera le coup de pouce pour les femmes artistes de notre époque.

« Je n’obtiendrai mon indépendance qu’à force de persévérance et en manifestant très ouvertement l’intention de m’émanciper », écrit Berthe Morisot en 1871. 

Le musée d’Orsay à Paris présente actuellement une exposition rétrospective sur l’artiste Berthe Morisot (1841-1895). Une artiste femme parmi les précurseurs de l’impressionnisme, tels que Degas, Renoir, Monet, qui ont bouleversé la scène artistique française à la fin du XIXème siècle. Grande figure de l’avant-garde, elle se distingue par ses techniques audacieuse et ses perspectives artistiques innovatrices. Cependant elle reste toujours moins connue que ses confrères.

Berthe Morisot (1841-1895)Autoportrait 1885© Musée Marmottan Monet, Paris / Bridgeman Images / Service Presse

Peintre d’après modèle, elle révèle un monde intime, des scènes quotidiennes domestiques, des femmes, des enfants et des domestiques. Toute personne ou décor peut constituer pour elle un sujet digne d’ être représenté par ses touches rapides, qui donnent des œuvres baignées par la lumière, mais qui gardent tout de même une douce mélancolie, un mystère aigre-doux.

Berthe Morisot Jeune fille au lévrier© Musée Marmottan Monet, Paris / Bridgeman Images / Service Presse

Berthe Morisot malgré sa vive activité, va rester plutôt dans l’ombre de ses collègues masculins, et son œuvre sera rédecouverte et mise en avant, à côté des autres impressionnistes, beaucoup d’années plus tard. L’exposition actuelle au musée d’ Orsay est la première manifestation monographique de l’artiste par un musée public depuis 1941, où son exposition rétrospective eut lieu au Musée de l’Orangerie.

Quelques années plus tard, après l’époque de Morisot, une autre femme peintre d’origine grecque, mène son combat et réussi à s’intégrer à la scène artistique de son pays : L’artiste Sofia Laskaridou (1876 -1965), après avoir fait ses études à l’Académie Julian à Paris et aux écoles de Munich, rentre en Grèce et se bat pour l’égalité entre hommes et femmes dans l’éducation. Elle s’adresse au roi George I, qui par décret royal autorise l’acceptation des femmes à l’Ecole de Beaux-Arts d’Athènes (en 1903), d’où elle sera finalement diplômée en 1906.

« Belle époque » Sophia Laskaridou (source nikias.gr)

Un progrès significatif dans le pays méditerranéen, au moment où dans la plupart des pays d’Europe les écoles publiques n’acceptent toujours pas de femmes étudiantes. Sofia Laskaridou avec passion et persistance ouvre une nouvelle période pour les artistes femmes grecques, qui pourront désormais envisager librement leur art en tant que profession.

« L’Acropole une nuit d’été », Sophia Laskaridou (source nikias.gr)

Son art, enrichi par des influences reçues pendant ses séjours à Paris et Munich, se distingue par un romantisme revisité, des techniques impressionnistes, et une variété de sujets qui révèlent un univers riche et dense dans sa simplicité.

« Des amandiers » Sophia Laskaridou (source nikias.gr)

Sofia Laskaridou avec une autre grande peintre femme grecque de l’époque, Thalia Flora-Karavia (1871-1960), vont exposer ensemble, en 1906 à « Parnassos » un endroit très significatif de l’époque. Cette exposition commune va devenir un point de référence important de l’histoire de l’art moderne en Grèce, qui confirmera la place des femmes dans le milieu artistique. Les deux artistes jouissaient déjà du respect de leurs collègues ainsi que de l’admiration du public. L’œuvre de Thalia Flora-Karavia est principalement influencée par l’École de Munich, mais aussi avec de forts éléments impressionnistes qui vers la fin de sa carrière tend de plus en plus à l’expressionisme.
L’hiver dernier, 113 ans après, la galerie StoArt à Athènes a présenté une exposition- référence à cet événement. À lire ici.

Portrait de Sophia Laskaridou par Thalia Flora-Karavia

De cette manière, au tournant du XIXème au XXème siècle, des femmes artistes en Europe, à l’instar de Berthe Morisot, Sofia Laskaridou et beaucoup d’autres, posent leur marque et ouvrent la voie, plus ou moins consciemment, vers l’égalité. Des femmes artistes qui trouvent de plus en plus leur place et gagnent en notoriété par leur dévouement à leur art, leur travail, leur persistance, et leur passion… comme tous les grands artistes.

E.T | Artvingtdeux.fr