Durant l’été, le Musée d’art contemporain de la Fondation Vassilis et Eliza Goulandri présente dans l’île d’Andros une exposition rétrospective du grand peintre de la diaspora grecque Dicos Byzantios (1924-2007), jusqu’au 22 septembre 2019. Cette exposition intitulée « Abstraction et figuration » est un hommage à ce peintre qui a vécu et excellé pendant plus d’un demi-siècle sur la scène artistique parisienne.
Fils du peintre Periclès Vizantios il est influencé par son environnement familial dans ses choix intellectuels et artistiques. A l’âge de 16 ans il intègre l’Ecole des Beaux-arts d’Athènes mais en 1945 il s’exile afin d’éviter l’horreur de la guerre civile. Il était le plus jeune parmi les 200 passagers grecs du bateau légendaire « Mataora » par lequel deux philhellènes de l’Institut français d’Athènes, Octave Merlier et Roger Milliex, avec une bourse du gouvernement français, leur ont ouvert l’horizon sur la liberté de pensée.
Aussitôt arrivé à Paris, qui allait devenir sa deuxième patrie, Dicos Byzantios a trouvé une ambiance conviviale surtout grâce à son maitre, le grand graveur Dimitrios Galanis. Il s’est vite lié d’amitié avec Alberto Giacometti et d’autre artistes comme P. Soulage, S. Poliakoff, Vieira da Silva.
Le commissaire de l’exposition et directeur du musée d’art contemporain grec Kiriakos Koutsomallis notre entre autres sur l’artiste : « L’ensemble de l’œuvre de Dicos Byzantios est caractérisé par une relation réciproque entre les éléments d’abstraction de son époque et sa volonté irrésistible de rester fidèle à la peinture sur toile, en puisant des éléments dans la peinture du passé, sans pour autant rester dépendant des normes académiques contraignantes […]
« …Dicos Byzantios a accepté son immigration comme un besoin urgent d’échapper à la guerre civile mais aussi comme une chance d’être libre, loin des compulsions et préjugés socio-politiques. Les difficultés du quotidien atténués par la liberté de pensée et le plaisir du partage des idées novatrices dans un climat tempéré. Dès le début à Paris, il s’est senti familier et intellectuellement intégré. Dimitris Galanis lui a offert une chaleur familiale et des conseils précieux. En tant qu’ observateur sensible et perceptif du monde qui l’entourait, il se voulait émetteur des vertus héritées de son origine ».
Son parcours artistique peut se diviser en trois périodes :
- La période d’abstraction jusqu’au 1972 complétée avec une rétrospective au Musée Calliera. (1945-1972)
- La période des dessins en noir et blanc sur papier, dont le philosophe Michel Foucault avait fait l’éloge dans un texte profond et perspicace. (1972-1981)
- La période des synthèses anthropocentriques qui a débuté en 1981 et a duré jusqu’à la fin de sa vie et qui a été présentée dans plusieurs expositions partout dans le monde (1981-2007).
Le gouvernement français, en reconnaissant sa contribution à l’art et en le considérant comme un grand représentant de l’Ecole de Paris, l’a honoré en lui décernant en 1985 le titre du Chevalier de la Légion d’Honneur, et en 1990 l’a nommé Officier des Arts et des Lettres.