L’ artiste Gerasimos Kanakis parle de son travail à l’occasion de sa première exposition personnelle titrée « Questions de lumière » qui a eu lieu au printemps 2018 à la galerie Peritechnon Karteris (Περιτεχνών Καρτέρης) à Athènes. Une série des « portraits d’ âmes » comme la décrit bien la commissaire de l’exposition Elisavet Plessa.
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» Ma première exposition personnelle est l’aboutissement d’une recherche qui dure depuis plusieurs années, depuis la période de mes études avec comme professeur Tasso Christaki. J’ai travaillé sur ces œuvres (présentées lors de l’exposition) de 2014 à 2018. J’ai eu la chance de collaborer avec la commissaire Elisavet Plessa qui m’a aidé à présenter mon travail de la meilleure façon possible. Bien sûr le soutien de la galerie Peritechnon Karteris (Περιτεχνών Καρτέρης) a été indispensable pour la réalisation de cette exposition.
Bien que j’aie expérimenté avec d’autres matériaux et moyens expressifs, j’ai décidé enfin de travailler avec l’huile sur toile, qui est pour moi le meilleur moyen pour révéler les sujets qui me préoccupent : dessin, écriture, textures et le traitement de la lumière par la couleur sur une surface plate. Dès le début mon sujet est la figure humaine. Son traitement est la force motrice pour développer tout le reste. En lui donnant le rôle central dans un espace défini par des niveaux lumineux transparents, qui se diffusent l’un dans l’autre, j’ai essayé de présenter un monde libre, dans la mesure de possible, du temps et de l’espace. Un monde transcendantal.
Je suis plutôt attiré par l’art qui exprime le Sacré et l’Ultime, l’élément spirituel. Ma principale influence est l’art chrétien oriental mais aussi toute forme d’art qui inclut ce même élément : égyptien, art grec archaïque, byzantin, perse et certaines manifestations de l’art indien. Je suis influencé aussi par des mouvements plus récents comme le romantisme, le symbolisme, l’orphisme, l’art abstrait, le suprématisme et l’expressionisme abstrait de Rothko. Mais il y a aussi des artistes contemporains qui révèlent cet élément comme Bill Viola (vidéo art), James Turell (installations) et Luc Tuymans (peinture).
En dehors de cela, un élément important de mon travail est l’observation qui commence avec la lumière naturelle : la lumière de la lune dans le ciel du soir, le bleu de la mer qui croise l’ocre du sable sur une plage en plein midi, les épis de blé jaunes qui caressent le ciel bleu pâle. La lumière de l’été grec ! J’observe aussi la lumière artificielle du monde contemporain. J’aboutis à une sensation purement ésotérique de la lumière ; Comment je la ressens, et qui finit par dissoudre les formes et les rendre immatérielles. Une lumière forte qui rend aveugle, qui nous amène ailleurs, loin du corruptible, par l’esprit et aussi par les sens.
Cette belle sensation que je ressens quand je peins j’essaie de la transmettre par le biais de mes œuvres. La peinture a du rythme, du souffle, du son, des textures fines mais aussi rugueuses. La vibration de la fréquence chromatique se transmet au spectateur. C’est un mystère. La peinture n’est pas deux plus deux font quatre. Ce n’est pas une question de logique. Elle est une énigme. »
Quelques mots sur les œuvres présentées lors de l’exposition :
» Je ne peux pas parler des œuvres, les analyser ou les décrire. Dans ce cas-là le spectateur n’aurait plus l’opportunité de les comprendre selon son propre tempérament. Nous risquerions de perdre la possibilité de plusieurs lectures ; ça serait comme si je les réduisais. Je pourrais seulement dire que chaque œuvre constitue un effort pour accomplir un défi artistique mais aussi m’exprimer à travers la peinture, en matérialisant mes inspirations et mes visions. Après de hautes luttes, des échecs, des redéfinitions et des découvertes, j’arrive à un point où le but se renouvelle et s’élargit. Ces œuvres sont un cycle qui s’ouvre continuellement et la recherche ne s’arrête pas ; elles sont des formulations d’une recherche perpétuelle sur des sujets qui me concernent. «
Gerasimos Kranakis, artiste, printemps 2018