Interview de l’artiste Irini Iliopoulou pour le site Art22.gr à l’occasion de son exposition personnelle « Érotiques » à la galerie Genesis à Athènes au printemps 2019.
Irini, tu nous as habitués jusqu’à ici à un univers calme, peu bavard, avec des paysages magnifiques, des feuillages, un monde aquatique avec des figures tirées des contes de fées et avec la rare présence de gens solitaires. Et tout à coup une explosion érotique se passe au pied de la colline de Lycabette (où se trouve la galerie). Où se cachait ce rêve ?
Justement au pied de la colline de Lycabette, où se trouve aussi mon atelier. Mais il ne s’agit pas d’un rêve, ni d’une explosion érotique. Dans la peinture il y a de la place pour tout, et il faut donner le temps. Les œuvres décident elles-mêmes quand elles vont sortir.
Les textes qui accompagnent tes peintures sont exceptionnels. Un excellent choix relevant l’effort, la recherche et la connaissance.
Effectivement, les textes proviennent de grands écrivains qui font référence à l’amour charnel. Ce sont des livres que j’ai lus ou ce sont des amis qui me les ont conseillés pour mon projet.
Après avoir lu la note dans le catalogue de l’exposition par Giannis Xanthoulis « …en souvenir de moments érotiques morts… » puis-je demander à quel point ce journal intime est personnel ?
Xanthoulis a beaucoup d’humour et est un très bon ami à moi !
En regardant tes œuvres nous nous apercevons que l’aquarelle est un très bon choix. D’ailleurs c’est quelque chose que Nikos Mastropoulos et Giannis Xanthoulis ont tous les deux souligné dans les textes du catalogue.
L’aquarelle a été ajoutée dans un deuxième temps. Au début c’étaient des dessins au crayon laissés dans le carnet pendant environ deux ans. L’aquarelle a joué un rôle déterminant dans leur forme. Elle les a rendus plus tendres et colorés !
Le public a reçu comment ton travail ?
Leur enthousiasme et leur maturité m’ont impressionnée. Nous avons fait de belles et essentielles conversations.
Tu sais certainement que dans certains pays de l’Asie centrale les parties intimes sont couvertes dans les tableaux (comme en Grèce il y a 50 ans sur les photos des journaux et magazines)…
Mais l’œuvre «L’origine du monde » de Courbet a aussi soulevé une tempête, mais elle s’est calmée, comme ça se passe avec toutes les tempêtes.
Il y a les « érotiques » de Pompéi et en général de la période romaine mais aussi des grecs « oubliés » dans les dépôts. Que-est ce qu’ils avaient à craindre tous ceux qui censuraient l’art qui datait tant des siècles ?
Rien n’est oublié. Tous passe dans l’ADN de l’art et se transforme en expériences personnelles qui inspirent les artistes.
Cette exposition constitue une parenthèse dans ton travail ?
Il est trop tôt pour le savoir… Parenthèse ou partie du travail… Personne ne sait ce que la peinture apporte quand on ne la planifie pas…
Hokusai, Klimt, Picasso, Lautrec… Leur art érotique est-il proche de notre époque ? En leur temps ils étaient confrontés aux jugements d’une société conservatrice.
…Et maintenant ils sont déifiés …du coup leur art nous est très proche !
Comment tu répondrais à quelqu’un s’il caractérisait ton art comme du « porno » ? D’ailleurs on sait que le terme « porno » n’est qu’un néologisme.
Heureusement nous n’avions pas de tels visiteurs à la galerie ! À l’exposition sont venus des gens qui pensent et aiment la peinture !
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Interview accordé à Yannis Tzimourta pour l’Art22.gr. Lire en grec ici.