Les versions multiples d’un portrait, familier, énigmatique… qui cacherait l’énigme de l’existence.
Une série de portraits réalisée les deux dernières années par l’artiste Apostolis Itskoudis ( Αποστόλης Ιτσκούδης), voyage de la ville d’Alexandroupoli, au nord de la Grèce, à Athènes, dans le centre d’art « Mets ». Maria, Symeon, Nikos et Kirki, les personnes peintes au naturel (et un peu de photographie), composent une petite anthologie de l’environnement familier de l’artiste. Les visages d’Antoni Itskoudi bien que près de la réalité restent loin du photoréalisme.
« La manière dont je travaille les 5-6 dernières années, avec cette douce suppression, ce « grattement » de la toile, est une restitution de l’image par moi-même, comme des fragments que le nerf optique essaie d’apercevoir, et faire sortir de l’ancienne image une nouvelle. A travers mes portraits, la solitude de l’atelier « disparaît ». Le corps vibre. Il y a un mystère sur les visages qui invite à le découvrir, à se blottir tout au fond d’eux.
Toujours ils ont une histoire à nous raconter, à relever des secrets, à nous tenir de compagnie. D’autres fois, ils ne disent rien. Comme notre reflet dans le miroir. Comme si notre image nous retournait. Cela n’est pas forcement mal. Il y a des visages qui t’invitent à les embrasser, à leur parler, et d’autres qui te repoussent ou te chuchotent deux-trois mots. Toujours ils ont quelque chose à dire même s’ils ne disent rien. »
L’artiste compose avec une économie de moyens, offre avec vraisemblance mais il ne sert pas la reproduction. Bien qu’il s’intéresse à la représentation du visage, il offre le geste et la sensation de la couleur. Héritier de Fayoum et de l’art byzantin, l’artiste considère l’acte de la peinture comme une sorte de prière :
« C’est une naissance, et la naissance est la vie. Un contact avec notre intérieur, le sacré. C’est un geste d’amour. Quand j’étais enfant j’aimais le contact avec les gens, la communication ; à travers le regard, l’énergie, les gestes, les odeurs. J’aime les observer. Même dans les photos, surtout les photos anciennes, là où l’image et le souvenir se transforment en narration. C’est une recherche personnelle, une communication avec nous-même, notre histoire ».
« Mes honorables amis » d’Antonis Itskoudis, comme plusieurs versions du portrait, semblent indépendants et parlent une langue picturale contemporaine, dense dans son contenu. Ils ne te trompent pas, mais sur leurs visages « sincères » cachent l’énigme de l’existence.
« La peinture, les portraits sont la vie même, (pour moi). Ils soulèvent des questions d’existence, sur la vie et la mort » dit l’artiste qui met son propre visage derrière eux… »
Le commissaire de l’exposition est Yorgos Milonas.
.