La peintre grecque Maria Filippakopoulou, en diminuant à l’extrême ses moyens, par le biais d’une simplicité remarquable, révèle des histoires du quotidien, dans un environnement urbain mais aussi naturel, et qui sollicite notre attention…


L’artiste Maria Filippakopoulou présente sa nouvelle exposition personnelle « Journées longues » (Long Days) à la galerie Kourd à Athènes du 17 octobre au 22 novembre.

Selon le commissaire de l’exposition Konstantinos Papachristou : «Maria Filippakopoulou, qui a déjà établi un style bien personnel et identifiable, continue à faire évoluer son travail en intégrant toujours de nouveaux éléments, propres à de nouvelles interprétations approfondies. Déambulant dans la ville d’Athènes, la peintre capture avec son appareil photo tout ce qui attire son attention, en se focalisant surtout sur la relation entre le paysage urbain et naturel. De cette manière, elle acquiert une première matière, qui bien qu’il constitue une base fixe de sa peinture pourrait tout de même  éventuellement la saper : si l’usage de photo n’est pas accompagné d’une charge émotionnelle plus profond, elle risque de s’amener à un austère photoréalisme qui n’offre que le charme éphémère d’une belle image.

En observant ses œuvres, nous nous rendons compte que Maria Filippakopoulou ne veut pas seulement capter un instant, ni geler le temps à un moment précis. Son objectif est de raconter une histoire hors des limites du temps, avec aussi peu de mots que possible, afin d’être concrète sans ennuyer (fatiguer). La peintre ne fixe ni le début ni la fin de l’histoire, mais elle « façonne » le scénario et laisse libre le spectateur d’imaginer la suite. De cette manière sont créées onze histoires du quotidien urbain, qui peuvent être aperçues soit comme autonomes soit comme les parties d’un ensemble.

 La transition de la capture d’un instant jusqu’ à  la narration d’une histoire brève mais concrète, constitue une évolution importante dans les œuvres de l’artiste. Pour cela son contact avec les haïkus japonais a joué un rôle important ( ces formes poétiques brèves où en seulement 17 syllabes est décrite une image de la nature).. Chaque haïku constitue un défi tant pour son créateur, qui doit donner ce qui pense dans un cadre serré et précis, que pour le spectateur,  qui est invité à le déchiffrer. Les 17 syllabes qui à la fois limitent et provoquent, deviennent la surface picturale de Maria Filippakopoulou : la simplicité des moyens donne libre cours à l’imagination et à l’émotion. L’image se transforme en histoire.

 Le paysage urbain, en tant que sujet, relève beaucoup de difficultés pour les artistes. Puisque la plupart d’entre nous y sommes habitués en le regardant tous les jours, nous cherchons souvent, inconsciemment, la fidélité de la représentation ou la reconnaissabilité de lieux et d’espaces. Cela ne constitue pas un objectif pour l’artiste bien qu’elle facilite le spectateur à leur identification par le choix de ses titres. Mais elle cherche surtout à combiner le réel avec l’imaginaire en prenant tout de même toujours en compte la simplicité et la finesse de la première idée.

Les « longues journées » de Maria Filippakopoulou ne sont pas définies comme telles par leur durée mais par tout ce qui se passe en elles : des déambulations au hasard et des rencontres inattendues jusqu’aux sentiment qu’elles procurent. Le rapport entre le temps et l’espace reste essentiel dans son œuvre, en prenant maintenant d’autres dimensions philosophiques et émotionnelles, liées pas seulement avec le résultat final mais aussi avec le processus de la création. »