L’œuvre pictural riche du célèbre cinéaste Nikos Koundouros (1926-2017) sera présenté parallèlement au festival du film de Thessalonique.
Le 60ème festival du film de Thessalonique annonce une grande exposition dédiée à l’œuvre pictural du grand cinéaste grec Nikos Koundouros (1926-2017)*. L’exposition sera présentée du 31 octobre au 10 novembre dans un espace formé spécialement pour l’occasion au port de la ville. À travers les œuvres picturales de Nikos Koundouros (beaucoup entre eux sont présentées pour la première fois au public), l’exposition tente une cartographie du monde artistique du célèbre réalisateur. L’exposition est composée par d’huiles sur toile, de dessins, de costumes, de masques, de lettres, de journaux intimes, de notes et d’objets personnels – parmi eux la fameuse palette avec son autoportrait.

Ses films ont défini le cinéma grec, mais Nikos Koundouros ne cesse pas de nous surprendre : l’exposition révèle des grands et petits secrets de son art. « Dans chaque plan de ses films nous sentons le regard d’un peintre. Maintenant, grâce à cette exposition, nous allons découvrir l’origine de ce regard, qui, en réalité, définit la naissance du cinéma grec contemporain », note le directeur artistique du Festival du film de Thessalonique Orestis Andreadakis.

Dans ses œuvres nous distinguons le regard avide, radical de Nikos Koundouros et le besoin de capturer le monde avec ses propres couleurs, byzantines, les nuances de la tradition populaire de la Grèce, de ses corps et de ses saints.

Nikos Koundouros était aimé et reconnu comme cinéaste, mais la qualité du peintre ne l’a jamais quitté. Des femmes, des saints et des démons, des masques, comme instruments de triche et d’adoration, des héros du monde réel, des corps nus relevés comme symboles, des mythes, des ombres et de la lumière, se sont affrontés avec le peintre Nikos Koundouros. Pendant les années d’étude, à Makronisso (d’où un portrait du célèbre acteur Thanassis Vengos egalement déporté) mais aussi après, pendant les pauses de ses films, la peinture a constitué son refuge. « Si Byron ne sera pas un bon film – le meilleur possible – je vais tout plaquer et je vais redevenir peintre, innocent et insoupçonné, comme les premiers hommes avant mordre la pomme maligne » écrivait-il à son épouse Sotiria Matziri-Koundourou depuis Crimée où il tournait le film Byron.

Il a étudié à l’École des Beaux-Arts où il est entré à seulement 16 ans, avec un faux certificat d’âge. Son professeur était Michalis Tobros et son modèle Yannis Moralis. Son œuvre est inspiré par Fotis Kontoglou à qui il a même dédié une composition qu’il a réalisé pour une église en Crète (à Agios Nikolaos). Dans cette œuvre, Nikos Koundouros pose entre les apôtres et les prêtres, des paysans, des femmes et des enfants. Sa peinture est influencée par l’art populaire, la tradition crétoise et la peinture ecclésiastique – surtout l’art post byzantin de Crète, son pays d’origine.

D’ailleurs, son rapport avec l’art ecclésiastique a commencé très tôt, quand son père collectionnait des images religieuses. Après, le peintre ascétique a fusionné avec le réalisateur exubérant et les deux, désormais une seule personne, ont transformé tout ce qu’il avait vécu, tout ce qui l’a défini et formé, en un monde unique, cinématographique et plastique. « Je voulais être un peintre solitaire. J’avais une foi de moine envers la peinture, l’ascèse ; Je rêvais une solitude pleine de lumière… j’ai tout trahi ? Ça m’a brouillé l’esprit la peinture triomphale de l’image en mouvement. Et j’ai fait des films » disait-il.
L’exposition est réalisée en collaboration avec son épouse Sotiria Matziri-Koundourou. Le commissaire de l’exposition est Yorgos Milonas et la conseillière scientifique, l’anthropologue Maria Karamitsopoulou.
*Nikos Koundouros a représenté plusieurs fois la Grèce dans des festivals internationaux. En 1963, il a reçu le prix du Festival de Berlin pour son film Les Petites Aphrodites.