Evangelia Kranioti arpente les confins du monde, saisissant des destinées individuelles prises dans les mailles du commerce des hommes. Ports de fret, artères autoroutières, coulisses d’un carnaval, cimetières, ruines de guerre… ces lieux convoquent tout autant d’incessants transits que des vies immobilisées, clouées au sol ou sur mer.
Dans le projet Exotica, Erotica, etc., ce sont des marins au long cours qui guettent les escales pour nouer des amours passagères et tarifées. Dans Obscuro Barroco, c’est le milieu queer qui se déploie à Rio de Janeiro. Dans Beirut Fictions, ce sont des domestiques venues d’Afrique ou d’Asie astreintes à un pays, le Liban, où elles demeureront désespérément étrangères. Enfin, dans un des volets du projet Era Incognita, ce sont les vivants qui migrent vers la demeure des défunts dans les nécropoles du Caire. Au cœur de son travail, des visages et des corps se répondent alors en reflets par-delà les océans. Evangelia Kranioti tisse ainsi la cartographie d’une marge fragile qu’elle place littéralement au centre. La fresque d’une communauté d’exclus dépassant les contours d’une Méditerranée, matrice d’exils.
Léandre Bernard-Brunel
Commissaire de l’exposition : Matthieu Orléan.
Tirages réalisés par Picto, Paris.
Encadrements réalisés par Circad, Paris.
Wallpapers réalisés par Atelier SHL, Arles
Avec le soutien de la galerie Sator et des Abattoirs, Musée – Frac Occitanie, Toulouse.
Evangelia Kranioti est nommée dans le cadre du Prix de la Photo Madame Figaro Arles 2019.
Pour plus d’informations : https://www.rencontres-arles.com/fr