Interview accordée à l’historienne d’art Ira Papapostolou à l’occasion de la dernière exposition personnelle de l’artiste sous le titre « Reality » (réalité) à la galerie Ikastikos Kyklos DS à Athènes.
Né en 1983, après des études à l’école des Beaux-arts à l’Université Aristotelio de Thessalonique Vassilis Selimas a déjà réalisé jusqu’à présent deux expositions personnelles. Sa dernière exposition du titre « Reality » (réalité) à la galerie Ikastikos Kyklos DS (Cycle artistique DS ) à Athènes donne une image complète de ses intentions et de son talent. En choisissant la peinture représentative avec ses symbolismes, de l’humour sous-cutané et l’accent sur le détail, il maintient toujours au centre de sa peinture l’homme et ses sentiments.
Des enfants et des adultes, avec la tristesse peinte sur leur visage, flirtent tantôt avec le rationnel tantôt avec l’absurde en provoquant beaucoup de questions chez le spectateur. L’artiste lui-même nous explique la provenance de l’idée du titre et beaucoup d’autres choses sur la nature de son travail.

Pourquoi tu as choisi le titre « Reality » pour ton exposition ? Quel est ton rapport avec la réalité ?
Le titre a pris le nom d’un des tableaux présentés à l’exposition après la proposition du Monsieur Christofi. A mon avis la réalité est une chose relative et parfois indéfinie.
Nous observons un regard triste chez les enfants dans tes œuvres. L’enfance va de pair avec la tristesse où c’est la manière que tu choisis pour représenter le sentiment ?
La peinture elle-même comme un processus constitue un acte holistique où participent tous les sens : par conséquent il est impossible que le sentiment ne surgisse pas d’une certaine manière. Le choix d’enfants et d’adultes est dû au fait que j’aime peindre la figure humaine.

Dans tes œuvres tu présentes beaucoup d’éléments humoristiques. Quel est le rôle de l’humour pour toi tant dans la peinture que dans la vie ?
L’humour est le moyen de communication le plus important et le plus direct dans ma vie. En général, je ne dirais pas que je l’implique dans ma peinture sauf dans des cas exceptionnels. Mais même dans ces cas-là je préfère que cela fonctionne indirectement pour que le spectateur le perçoive dans un deuxième temps.
Il parait que cette fois-ci tu utilises des couleurs plus vives dans tes œuvres. Quel est ton rapport avec la couleur ?
Effectivement j’ai appliqué des couleurs vives dans de beaucoup d’œuvres. Cette évolution de mon travail est due d’une grande partie à un héritage particulier d’un peintre qui n’est plus en vie ; toute sa palette chromatique est passée dans mes mains.
Ton travail est caractérisé par une haute perfection technique et tu donnes l’accent au détail. Pourquoi tu choisis le réalisme comme moyen d’expression ?
J’aime me sentir comme un artisan et pouvoir faire évoluer mes capacités techniques. Je choisis la représentation réaliste parce que j’aime cette façon de peindre et peut être parce que c’est un chemin difficile et solitaire.

Il y a aussi des éléments surréalistes dans tes œuvres. Quel est ton rapport avec la rationalité, l’absurde et le paradoxal ?
J’utilise des symboles et je peints des objets dont j’aime changer le caractère. Je crois que le rationnel et l’absurde sont séparés par une petite ligne que chacun de nous définit dans sa tête comme il veut.
Tes héros sont souvent représentés avec le dos tourné au spectateur. Qu’est-ce que tu voudrais transférer comme message par cette posture ?
Je veux que le spectateur s’interroge sur ce qui ne se voit pas, ce qui se cache et à défaut de le reconnaitre que cela lui provoque des interrogations.
Cachée, Vassilis Selimas, 2017, acrylique sur toile Sommeil, Vassilis Selimas, 2016-17, acrylique sur papier, .80x60cm
Tu préfères peindre des enfants. Considères-tu qu’il y ait l’espace aujourd’hui pour eux et leur jeu ?
Je peins autant d’enfants que d’adultes, je crois que les portraits sont égaux. Je crois que les enfants consacrent beaucoup de leur temps aux activités incluant le jeu. Bien que le sens du jeu soit différent de celui de ma génération ; mais cela est due aussi à la domination des portables et plus généralement des moyens électroniques.
