Interview de l’artiste Efthimios Efthmiadis, paru sur le site grec Art22.gr, à l’occasion de la présentation de l’ exposition numérique de l’artiste sur Art22gallery.
Commençons par l’actualité : Tout le monde dit que ce virus et le confinement actuel soient la raison pour un nouveau commencement. Selon toi, ça serait un nouveau commencement pour quelle chose et comment ?
Une nouvelle direction est nécessaire, mais je crains que les masses n’aiment pas trop l’introspection, il n’y aura pas d’amélioration. Mais il faut garder l’espoir !
Dans un environnement comme celui d’aujourd’hui, qu’est-ce que l’artiste peut exprimer ? Tristesse, déception, colère ou optimisme et espoir ?
Pendant toutes les périodes historiques, les gens étaient comme nous aujourd’hui, avec les mêmes sentiments, qui trouveront leur chemin à travers l’art. Les différences se trouvent seulement dans les techniques utilisées. Mais cela est un élément superficiel, d’ailleurs beaucoup de moyens restent presque identiques car leur essentiel est irremplaçable, malgré d’éventuelles exigences d’innovation.
Revenons à ton exposition sur Art22gallery. Qu’est ce que les spectateurs peuvent voir exactement ?
Il s’agit d’un choix de plusieurs unités thématiques différentes. L’exposition comprend des œuvres au moins de deux dernières décennies ; c’est comme une brève rétrospective.
Dans tes œuvres on dirait que ce sont les enfants qui dominent. Comme le dit l’historienne d’art Ira Papapostolou, ces êtres insouciants. Ça serait ça ? Parce que personnellement j’aperçois aussi une mélancolie.
L’observation est juste. L’enfance est un sujet auquel je reviens souvent. D’ailleurs, l’insouciance est combinée ou associée d’un voile d’inquiétude ou d’un besoin d’évasion, de quelque manière que ça soit. Puisqu’ils sont animés par un esprit d’adulte, peut- être ils essayent d’arriver à un monde de « médiation » afin de sortir de leur état enfantine… Je ne veux pas savoir avec exactitude !
Certains parmi ces enfants qui courent et se cachent n’ont pas l’air de jouer. Est-ce qu’ils auraient peur de quelque chose ?
La question me fait penser à ce poème merveilleux de Karyotakis, la « Soirée». Effectivement, ils vivent plutôt dans des mondes oniriques que dans des cours de récréation, et ils utilisent toute leur force intellectuelle pour surmonter la gravité stérile de la vie quotidienne !
La détérioration du temps sur la matière est évidente dans la plupart de tes œuvres.
Pour moi, parmi les éléments les plus charmants d’un travail sur une œuvre est le rendu de différentes textures et c’est pour cela que j’utilise des matériaux mixtes avec des combinaisons altérées. La détérioration matérielle est une « dimension » importante pour chaque œuvre.
Je crois que l’éclipse dans ton œuvre décrit parfaitement ce qu’on vit : La lumière qui se perd, l’obscurité qui nous envahit et l’espoir qui émerge par l’apparition progressive de la lumière. J’aime aussi beaucoup le tableau avec l’arbre qui crée sa propre éclipse.
C’est un sujet de prédilection ; Il constitue, à la fois artistiquement et intellectuellement, un enjeu constant pour réaliser de nombreuses variantes. Mais ce sujet revient quand il est cohérent avec l’idée, pas seulement comme une facilité pour la composition. Puisque la peinture est une situation qu’elle paraît statique, où chacun peut imaginer le temps qu’il veut, il est agréable que le spectateur puisse choisir sa propre position. L’ interprétation personnelle est une de nombreuses possibilités de la peinture !
Dans tes œuvres nous distinguons un processus mystique, une envie de mettre des choses à la lumière, peut- être de révéler son soi intérieur.
Tout le monde s’exprime à travers la peinture, extériorise de pensées, de sentiments et de points de vue, il s’agit soit des objets soit de différentes situations. Personnellement, j’essaie de détacher discrètement les éléments du quotidien de leur usage habituel. Parfois, à travers ce processus, quelque chose est réalisée, et parfois non. Peut-être tout cela n’est qu’un moyen pour ne pas s’ennuyer !
L’interview a été accordée à Ioannis Tzimourtas, administrateur du site Art22.gr, à l’occasion de l’exposition d’Efthimios Efthimiadis présentée en ligne.
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